3j6              MEMOIRES DE PIERRE OE L'ESTOILE.
et pour Ie supplier de venir au plustost que faire se pourra, afin d'aviser à la résolution principale de ras­semblée (l'élection d'un roy), attendu que la longueur peut apporter beaucoup d'incommodités et dommages aux affaires publiques, et que les ennemis se fortifient tous lea jours aux environs de cette ville, ainsi que , nous l'en avons deja plusieurs fois averti.
Le vendredy 2 d'avril, ie duc de Feria s'est rendu dans la cour du Louvre sur les quatre heures du soir; les Etats ont député deux évêques, deux gentils-hom­mes et deux conseillers du tiers Etat, qui l'ont reçu au pied du grand escalier. Au haut dudit escalier il a été reçu par le cardinal Pelevé, plusieurs prelats et principaux de l'assemblée, qui l'ont mené dans la salle jusques au daix, sous lequel il y avoit trois chaises : une au milieu, couverte d'un tapis de velours violet semé dc fleurs de lys d'or, et plus relevé que les deux autres, laquelle est vuide, pour montrer qu'elle atten­doit un roy. Le cardinal s'est assis dans celle de la main droite, et le duc de Feria dans celle de la main gauche. Lorsque tous ont été placés, le duc de Feria a fait une harangue en latin ; le commencement de cette harangue contient un détail circonstancié des services que le roy d'Espagne a rendu de tout tems à la France, depuis que le venin de l'heresie y a pénétré sous François 11, Charles ix, Henry iii, et surtout depuis Ia mort du duc d'Alençon, qui est l'époque des premiers désirs du prince de Bearn au sceptre de ce royaume, en unissant ses forces à celles des seigneurs de Guise. Par Ie même secours, cette noble ville, Rouen et autres ont encore été conser­vées, sur le point qu'elles se voyoient perdues; et cela
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